16/09/2011
La crise, la femme, l’homme (la crise l'affame, l'homme)
Il est significatif de voir Paul Jorion et Also Naouri sur un même plateau de télévision s’exprimer chacun à leur manière au sujet de la crise, et on se demande si les organisateurs en avaient conscience.
Car une compréhension de l’enfance et de l’éducation telles qu’elles ont évolué ces quarante dernières années apporte un éclairage, anthropologique s’il en est, sur la psychologie des auteurs/acteurs de cette crise dite actuelle. L’intervention télévisée terminait là où ces questions commençaient à se poser.
Paul Jorion semblait contredire Aldo Naouri lorsqu’il témoignait de son vécu dans le milieu financier qu’il décrit comme essentiellement masculin, à tout le moins dirigé exclusivement par des hommes. S’y lisait en filigrane un commentaire vaguement féministe, rappelant l’argument selon lequel les femmes apporteraient plus de vertu dans les conseils d’administration, comme si la responsabilité d’une crise qui intervient dans des sociétés occidentales au sommet de leur individualisme et à l’apogée du règne de l’argent (de «l’avoir plus», au dépend de «l’être mieux» pour évoquer la formule proposée par les nouveaux apôtres du monde "durable"), pouvait être imputée (aussi) au fait d’être de sexe masculin.
Aldo Naouri, enonce contradictoirement que, le matriarcat ayant supplanté la fonction paternelle depuis mai 68 (pour abréger), il ne faut pas s’étonner que les limites aux lois (ethnopsychologiques, ou "civilisationnelles" entre autres) soient franchies sans plus de vergogne que d’opposition. Apposer à cela la libéralisation (contemporaine des grandes batailles feministes) d’un marché plus proche aujourd’hui du Farwest que d’une soit-disant «civilisation numérique», et on voit bien ce que la toute puissance maternelle, asservissant ses enfants au principe de plaisir, a d’analogue à la recherche effrénée de profits en constante croissance.
On s’étonne qu’Aldo. Naouri s’en étonnât lui-même. Car ce n’est qu’une facette de la perversité ambiante (dénotée aussi par l’ «impératif anxiogène de bonheur sans contenu» qui ordonne la vie d’une foule innombrable…)
Alors quelle contradiction pourrait-il y avoir entre l’évocation de vertus inhérentes à la femme et la réprobation de l’effondrement du patriarcat?
Absolument aucune.
Puisque les hommes nés en 1968 ont aujourd’hui 44 ans, ils sont, pour ce qui est de la technostructure financière, aux commandes et dans la force de l’âge. Ils sont par ailleurs nés de jeunes femmes qui ont non seulement vécu les événements de mai 68 mais dont l’entière jeunesse a été marquée par un basculement des valeurs familiales et des usages (lois ethnopsychologiques, ou ‘civilisationnelles’) jusqu’alors restés incontestés. Qu’elles le veuillent ou non, ces mères, et plus encore leur progéniture, auront subit ces facteurs, de manière infra-liminaire. Il faut prendre le temps de lire quelques textes d’Aldo Naouri pour comprendre qu’il ne s’agit là nullement de passéisme à teneur réactionnaire, mais bien de la formation d’un déséquilibre dangereux dans la structure organique de nos sociétés. D’ailleurs la boite de pandore, puisqu’on ne refusera décidément rien à nos petits anges, ne demande qu’à exhiber de nouvelles monstruosités (cf. http://www.aldonaouri.com/textes/Lafamille.pdf).
Davantage de femmes dans les conseils d’administration rassureraient peut-etre les enfants terribles du capitalisme sans foi ni loi, mais on se demande bien d’où pourrait advenir un quelconque «rebond moral», sans parler du monde meilleur qu’on nous prepare pour «après la crise».
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