En dehors du travail auquel il faut bien se rendre et des corvés domestiques telles que les courses ou autres activités fonctionnelles indispensables, on peut tenter de comprendre la nature humaine en observant ce que les gens font et qui n'est pas absolument indispensable qu'ils fassent. Exemple:
Je vois une femme qui fait du jogging. Baskets au pieds, survet', iPod, etc.Immédiatement je me pose la question 'pourquoi cette femme court-elle?'
Remplit-elle un vide laissé par son incapacité à s'occuper d'une autre manière? Son inter-subjectivité se résume-t-elle à chercher à maintenir la ligne pour ne pas déroger aux dictats glycémiques? Petit-déj glucido-protéique, déjeuner protido-lipidique, et puis courrir... Qu'est-ce qui la motive à ce point? J'exagère un peu, mais son poids restant stable lui suffit-il à contenter sa vie intérieure?
Elle se sent bien, soit; quoiqu'on puisse douter du bien-être d'un courreur en ville qui par son souffle soutenu absorbe bien plus de pollution qu'un marcheur.
Non, je pense qu'elle court pour amener les conversations, ou les regards, ou les deux, sur sa silouhette avantageuse. Elle ne le fait donc pas que pour elle, mais au regard des autres. C'est donc bien d'un discours qu'il s'agit. Toute une signalétique s'est mise en marche. Nous somme bien dans le champs du language. Un language social en quelque sorte. D'où cette assomption qu'elle se construit une intersubjectivité de l'image issue d'un desir d'appartenance grégaire.
On pourrait refaire le même constat chez les fans de foot, les adeptes de haute cuisine, les musiciens... bref, je suis sur qu'un théoricien professionnel l'a fait, mais lequel? (Bourdieu?, Barthes?...)
Cela dit, et c'est très bien pour chacun, tout ce petit monde ne fait que "construire sa personne". Rémanent problème de l'image que celui de l'inter-subjectivité. Vous prendrez donc bien encore un peu de "Je est un autre" à moins que vous ne préféreriez son extension gainsbourgeoise "Je hais ce que tu es". Aussi bien, Lacan aurait pu déchiffrer le parle-être de Rimbault par "Je hais un autre". L'être et sa révolte contre le groupe, la haine du conformisme enfouie en chacun de nous. Tous rebels après tout!
Mais si Arthur et Serge haissent "un autre", peut-on déduire qu'ils s'aiment eux-même en tant qu'être singulier et que l'assouvissement de leur égo les aide à ne plus éprouver le regard de l'autre comme une tiranie? Y-a-t-il une implicite admission narcissique romantique dans le desir d'appartence social? La recherche introspéctive romantique n'admet que deux issues: l'extase ou la mort. Relire ici "Malaise dans la civilisation" de Sigmund. Encore et encore...